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Nicolas Fropo de Habart

 

 

 

Sans titre...

 

Je viens de terminer ce tableau, à moins qu’il ne s’agisse d’un autre, peu importe :

un visage désolé, presque hagard, au lointain une silhouette malingre, de longues traces brunes, ce gris-noir envahissant, quelques touches de rouge de Venise, imperceptibles...

Je suis fatigué, vraiment.

Sans doute ne me croyez-vous pas mais qu’y puis-je ? Mes mains sont tâchées, comme couvertes de cendres.

Tant de reprises, de maladresses pour aboutir à cet inachèvement.

J’ai failli me perdre ; je fus au bord de l’abandon. A quoi bon cette lutte avec l’ange !

Pourtant, au lendemain, une lumière naissante m’apparaîtra, au coeur même de cette toile saturée d’ombres.

Et montera en moi le désir de rire, de respirer l’air de la rue, d’être heureux enfin.

Regardé par d’autres, ce tableau pourrait-il devenir l’icône de leur propre vie abîmée et retrouvée ? Le saurais-je ?

Et si la peinture était l’ébauche de la rencontre avec Celui qui a promis de me saisir dans ses bras, après tant de rendez-vous manqués ?

Faut-il pour cela, que j’accepte la blessure essentielle, cette difficulté d’être, qui parfois m’étreint et cependant, ne se refuse pas à la joie ?

Je le découvre, lorsque je suis devant le chevalet : il me faut consentir à descendre au creux de la matière défigurée, là même où la couleur meurt, où la nuit se livre, enfin, à la lumière.

 

Nicolas Fropo de Habart          Février 2008

emprunté sur le site http://www.fropo-de-habart.com

 


 

 

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