FLORIAN EYMANN L’art de la transgression Les œuvres de Florian Eymann remuent. Déstabilisent. Même les regards aguerris.

Il faut dire qu’il nous flanque à la figure une technique irréprochable, capable de nous séduire d’un portrait classique en médaillon d’un mètre sur un mètre, issu d’un sage XIXème siècle réinventé. Et on est troublé par cette maîtrise. Et voilà qu’il défigure ce visage trop sage, qu’il nous lacère de couleurs et de matière ce classicisme hors d’âge. Violemment. Radicalement. Pas de courbettes à Courbet ! Broyées, les vierges à l’enfant ! Immolées, les icônes de l’art, à l’autel néo-expressionniste !

Les mythes modernes passent aussi au scalpel du jeune artiste, dont la notoriété croît exponentiellement : Hitchcock, Orson Welles, Marilyn Monroe… Ainsi, toute expression humaine se trouve transfigurée, comme si la captation rétinienne de Florian Eymann fonctionnait en miroir déformant ; le geste frénétique, en prolongement de la perception, transgresse les critères de la beauté, altère en profondeur la réalité des chairs. Non, le Beau canonique ne peut plus être : il s’agit de déconstruire ses stéréotypes, pour en proposer une interprétation provocante, insolente.

Cette nouvelle esthétique transgressive, inscrite (forcément, dirons certains) dans une veine toute baconnienne, tout en la dépassant allégrement, c’est la marque de l’artiste, sa griffe. « La pureté plastique, je maîtrise, mais je l’emmerde », semble nous asséner chaque toile, chaque dessin. L’art de poser des repères rassurants, pour mieux les exploser, pour mieux nous perdre et nous gagner à son inquiétante fascination. Et ce n’est que le début.

J-H Maisonneuve, le 28 mai 2014