Anne Jebeily

 

Cheminement et escales

 

Préambule, histoire de dresser le décor sans doute…y raconter en quelques mots ce qui apparaît. Bien sûr, le monde des mots et celui des images est bien différent, trouver les mots est si difficile…Les mots aussi m’attirent, ils ont leur beauté et leur sens propre et figuré, mais sont parfois des pièges, clouant des portes, fermant des fenêtres. Il faut d’abord que je vous dise que mon univers est un théâtre intérieur, peuplé de personnages dont la troupe grossit au fil du voyage. Ils sont là et questionnent ce qui nous émeut, nous bouleverse, nous effraie, nous transporte et nous traverse, tendrement ou violemment. Ces portraits imaginaires peuplent mes paysages, tantôt étranges, terrifiants, sereins ou tourmentés, heureux et étonnés… Je dessine ce qui fait mal et ce qui fait bon. Le dérisoire et le grotesque s’y côtoient, se heurtent, s’embrassent. Je cherche à retrouver du connu oublié en créant une image, lointaine et mouvante.Une histoire d’émotion, de tourment, de sérénité, de mourir et d’aimer. Peindre, c’est être dans l’action, donc dans la poésie. Et vient alors le temps de s’en détacher. Une fois au mur elles sont autonomes, Je recommence, laisser venir et écouter les images qui surgissent et tremblent au fil de l’avancée de la toile, du dessin. Le papier est un de mes territoires, j’aime cependant les rencontres de la terre et du tissu. Je cousais, moins maintenant. Les encres sombres m’ont toujours attiré, comme autant d’eaux profondes et mystérieuses. La peinture est un monde ancien et neuf chez moi, qui prend de plus en plus d’espace dans mes pensées et sous mes mains, résistance et jeu, énigme plastique sans cesse renouvelée .