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"SYLC : Les possibles morsures de l’âme" par Jean-Henri Maisonneuve

(jhmaisonneuve2@gmail.com)

 

SylC poursuit son chemin personnel, entre les couleurs d’un Chagall ou d’un Redon, une certaine forme

d’art brut et l’expressionnisme onirique, avec « La ronde des chiens fous » présentée au Mac Paris puis au

Château d’eau (Bourges, 21 mars – 3 mai).

 

Approfondissant ici l’art de la tension exploré avec ses

« Mothers », elle évoque de manière saisissante la seconde cruciale où tout peut basculer : qui, du Sage

ou du chien, allégories des forces qui sous-tendent l’humanité depuis que le monde est monde, triomphera ?

Le format carré, et les mouvements courbes des corps, les entrelacements du sujet humain et du chien

suggèrent l’équilibre. Les couleurs se fondent en glissant d’un être à l’autre qui ne font qu’un. Pourtant

ils sont bien deux : l’un retient l’autre, l’entoure dans une étreinte intime. L’ardeur animale est canalisée

par l’impassible sérénité du « Sage », l’instinct aux rouges énergiques de pastel gras raisonné par les blancs livides des visages. La morsure acérée des couleurs vives en fluides étincelants, et la caresse rassurante des regards placides. Tout fluctue, circule en fin de compte dans un être hybride, mais on ne sait pas qui domine l’autre.

 

Connivence, méfiance, incapable de trancher. Sur le tableau inaugural réalisé en 2012, le chien nous fixe, prêt à défendre son maître, qui le tient par la patte. On peut imaginer ce qui se passe entre eux, mais la seconde d’après ? Ils se rencontrent, ou le chien lui saute dessus ? Le fil directeur c’est le lien entre ces deux êtres. La complicité, mais jusqu’où ? J’aime bien jouer avec les limites, rester sur le fil. C’est vrai qu’il a le regard tourné vers l’extérieur, mais ailleurs, le chien regarde les personnages. Il se referme. Des petits détails troublent la lecture… commente SylC. L’être humain est complexe… Dans certains je voyais notre côté animal, l’être à plusieurs visages. Ce qui m’intéressait : cet équilibre entre le « sage », personnage doux, apaisé, mais peut-être inquiétant, et le chien, allégorie signifiant le côté obscur. Le Bien et le Mal, il y a toujours l’opposition. Dans la série « Mothers », la figure de la mère harmonieuse, avec l’enfant dans des tons très rouges, m’a occasionné des remarques : pourquoi l’enfant saigne-t-il ? Mes tableaux font appel à des choses un peu dures parfois.

 

Cette tension entre instinct et sagesse serait-elle transcription de l’acte créateur ? Ce qui se passe en peignant ? Je ne crois pas. Le côté indomptable serait plus le lâcher-prise, qui ne se révèle pas sous forme de violence, mais plutôt en termes de laisser-faire. Des professionnels diraient que je suis en autohypnose. Un état magique où il se passe des choses. Tu lâches, tu reprends, ainsi de suite. Les étapes s’imbriquent et construisent le tableau.
Sur notre monde si brutal, SylC offre une lecture qui ne propose pas de réponse : elle renvoie le spectateur à ses propres démons intérieurs. Saura-t-il les dompter ou se laissera-t-il dévorer ?

"BERG : Le romantisme n’est pas mort" par Sofi Maisonneuve

(brigade.contemporaine@gmail.com)

 

Avant même de parcourir MacParis, je sais que c'est elle que je veux rencontrer…J'ai consulté au préalable le

site du Mac et j'ai eu un coup de coeur…Je vais bien sûr arpenter les allées et me laisser guider par mes émotions…
Ce qui, enfant, me hante, c'est le passage vers la mort. Dans mon idée la représentation de cette fin serait des

images qui défilent floues dans mon imaginaire, plutôt en noir et blanc, et des éléments figuratifs colorés qui

auraient un rattachement à un moment d'intense émotion. Voilà c'est pour cela que j'ai envie de voir les œuvres

de l'artiste BERG.

Je rentre dans le Mac, il est 17:00, je virevolte d'un espace à un autre, c'est grand et il y a 125 exposants.

 

En ce vendredi 28 novembre l'affluence est modérée. Je m'approche enfin des peintures de BERG; elle est accaparée

par plusieurs visiteurs. Je découvre une peinture classique, à l'huile. Une peinture calme lente qui représente juste

l'essentiel. Les contrastes mettent en exergue une lumière intense mais qui n'occupe qu'une infime partie de la toile.

Sous les yeux, une toile dont le titre est "permanence" de 2013 100×100 : Un fleuve traverse un paysage dénué de vie. Pas d'urbanisme, ni de représentation exagérée de nature. Juste ce fleuve comme une lumière qui jaillit, traversant la toile en diagonale, tout autour c'est un paysage évanescent, obscur et inquiétant.

 

La délicatesse de la technique peut faire penser à une œuvre ancienne, il y a une vraie volonté de faire passer un message et non de représenter ce que l'on voit. De l'expressionnisme de l'âme, voire du romantisme. « Le romantisme n’est pas mort. » Entretien avec Rüdiger Safranski : Le romantisme puise son essence dans les forces créatrices de l’imagination. Il se définit également comme dépassement de la réalité en direction de l’imaginaire (source internet : http://www.goethe.de).

La rencontre avec BERG : "Ce qui est important c'est de savoir prendre le temps de contempler et encore plus important c'est de savoir prendre ce temps". Avec BERG aucune certitude, elle ne gère pas de discours préparé. On se sent en osmose ou pas.
 

"Je n'aime pas quand mes personnages sourient".

 

Nous sommes ensemble devant une toile qui représente un enfant avec un ours en peluche rouge. La représentation est d'une beauté infinie, juste et délicate. Elle me livre que c'est elle. Sur ses peintures, elle me fait remarquer qu'il y a toujours de la lumière une zone blanche diffuse. A la fin de notre rencontre je suis conquise ; je suis convaincue que son acte de peindre vient bien de son âme, des sentiments, des émotions.

 

Mais avant de partir, je risque : « on ne vous demande pas si ce sont des photos ? » Elle se rapproche des toiles, et me montre des endroits précis :

« Je ne comprends pas, on voit pourtant bien que ce n'est pas de la photo, ça ne me plaît pas quand on me le dit. J'ai aussi des moments où des visiteurs se livrent. » Elle me montre sur un catalogue imprimé la photo d'une peinture : un jour un jeune homme lui a raconté sa vie, sa solitude en restant prostré devant cette œuvre.

 

BERG n'aime pas forcément parler d'elle et de sa peinture, à travers ce qu'elle me dit je sens une grande humilité. On pourrait dire qu'avec Berg, le romantisme n'est plus celui du "JE". Mais de" l'é-MOI".

 

En venant au MacParis, je désirais vraiment trouver une émotion, une rencontre et c'est arrivé dans une forme presque de silence et de contemplation, qui remettent de vraies valeurs artistiques à leur place : l'émotion. Et si le romantisme avec un soupçon d'humanité trouvait sa voie contemporaine ?

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